Temps forts

Cette année nous avons rejoint la Commission suisse pour les plantes cultivées (CPC – www.cpc-skek.ch) Cette structure d’intérêt public, dynamique et efficace a organisé en novembre un symposium auquel nous avons participé activement, qui tentait de faire le point sur les problèmes que pose l’introduction du « passeport phytosanitaire » pour les plantes dès janvier prochain.

C’est une nouvelle loi d’harmonisation européenne qui répond au doux nom de « OSaVé ». (Lien sur notre site). On pourrait penser à un produit de douche bien mousseux aux senteurs exotiques mais il s’agit en fait d’une loi qui entend prévenir et lutter contre les maladies et nuisibles des plantes en régulant le déplacement, la remise à des tiers et la plantation de végétaux.

Conséquences de la globalisation et du commerce international de plantes, de parties de plantes ou de terre etc. : l’infestation de nuisibles ! On va traquer le cafard japonais, essayer de survivre aux pucerons à grandes oreilles et peut-être triompher de tout cela si on est « responsable » !

Nous serions, à en croire les spécialistes, face à un risque phytosanitaire qui pourrait détruire ou compromettre gravement les cultures agricoles et alimentaires et provoquer des dommages gravissimes par la multiplication « d’organismes nuisibles particulièrement dangereux» (ONPD) que sont les maladies et les ravageurs. On va donc entrer dans l’ère du contrôle, de la traçabilité et de la responsabilisation !


C’est la conséquence logique des dérives que provoque la globalisation. En matière de transports de végétaux, le volume a triplé en quelques années selon l’OFAG (Office fédéral de l’agriculture). On peut donc craindre que la charge administrative triple elle aussi…Il va falloir montrer patte blanche, peut-être se faire certifier, demander des autorisations et prouver qu’on est compétents et capable d’auto responsabilité dans l’exercice de la « mise en circulation de plantes ou de parties de plantes ».

Toutes les plantes sont concernées. Tous les acteurs également, donc nous aussi avec nos  semences et nos plantons !

Les « professionnels » en particulier dans les fruitiers, ont déjà l’obligation du certificat phytosanitaire  (le feu bactérien est passé par là) mais l’extension de ces mesures va provoquer probablement une perte conséquente de la biodiversité car il sera difficile et très couteux de faire certifier ce qui devrait l’être, en particulier pour les fruitiers.

Les services de l’OFAG sont conscients des risques et ouverts à la discussion pour trouver des solutions. Mais la loi restera la loi. La CPC de son côté fait un travail précieux de mise en relation des acteurs et d’investigations en matière de conséquences. Ce sont les cantons qui seront chargés de la mise en œuvre des contrôles.

Nous avons déjà été reçus à l’OFAG mais pour le moment nous ne savons pas exactement ce qui va se passer concernant les dérogations qu’on nous assure pouvoir obtenir, concernant la diffusion aux privés.

Pour ce qui est de nos relations avec les professionnels (paysans et maraîchers)… là c’est plus tendu. Il semble que nous ne pourrions pas leur vendre de semences non certifiées, pas de plants non plus s’ils sont destinés à la production. Du côté de nos producteurs aussi, nous devrons trouver des solutions.

Tout ceci ne va pas favoriser l’idée de la souveraineté alimentaire qui, faut-il le rappeler, a été acceptée par quatre cantons romands il y a un an et demi. Bref, nous avons du pain sur la planche pour tirer tout cela au clair et vous informer ensuite de la situation réelle à laquelle nous allons être confrontés. D’ici février nous éditerons un rapport d’évaluation de la situation et des conséquences de ces nouvelles dispositions.

Notre travail consiste à conserver et multiplier les semences de notre patrimoine, mais pas seulement. Nous les diffusons le plus largement possible, convaincu que ces « ressources de vie » sont indispensables non seulement pour les privés, mais nous pensons qu’elles devraient également progressivement remplacer les hybrides F1 (souvent vides de nutriments) qui sont abondamment cultivés y compris en culture biologique et qui représentent jusqu’à plus de 80 % du marché. Une conservation pour le plaisir d’aligner des bocaux sur des étagères n’a pas de sens.

Il n’est pas question de nier les problèmes que posent les « nuisibles » et nous n’avons pas attendu cette nouvelle ordonnance pour mettre en place une traçabilité des lots de semences avec lesquels nous travaillons et que vous cultivez.

Nous saluons les efforts de l’Office fédéral de l’agriculture pour communiquer et pour nous écouter. Nous avons constaté que l’OFAG est conscient de l’importance et de la valeur de cette biodiversité mais aussi de l’importance du travail de structures comme les nôtres, qui œuvrent inlassablement à maintenir vivantes les variétés de notre patrimoine, ou des nouvelles variétés obtenues par des passionnés qui travaillent pour le bien commun.

Cette reconnaissance est importante, car elle peut faire de nous des partenaires. Nous devons à la fois maintenir notre ligne, et apprendre à collaborer en faisant respecter nos méthodes et notre vision.